sabato 4 gennaio 2025

Faire vivre, Paul Éluard

Ils étaient quelques-uns qui vivaient dans la nuit
En rêvant du ciel caressant

Ils étaient quelques-uns qui aimaient la forêt
Et qui croyaient au bois brûlant
L’odeur des fleurs les ravissait même de loin
La nudité de leurs désirs les recouvrait

Ils joignaient dans leur cœur le souffle mesuré
A ce rien d’ambition de la vie naturelle
Qui grandit dans l’été comme un été plus fort

Ils joignaient dans leur cœur l’espoir du temps qui vient
Et qui salue même de loin un autre temps
A des amours plus obstinées que le désert

Un tout petit peu de sommeil
Les rendait au soleil futur
Ils duraient ils savaient que vivre perpétue

Et leurs besoins obscurs engendraient la clarté (…)

Ils n’étaient que quelques-uns
Ils furent foule soudain

Ceci est de tous les temps


Paul Éluard




venerdì 3 gennaio 2025

Mary Oliver, Il Viaggio

“Un giorno, finalmente, hai capito
quel che dovevi fare e hai cominciato,
anche se le voci intorno a te
continuavano a gridare
i loro cattivi consigli;
anche se la casa intera
si era messa a tremare
e ti sentivi alle calcagna
l’antico contrasto.
‘Sistema la mia vita!’
gridava ogni voce.
Ma non ti fermasti.
Sapevi quel che andava fatto,
anche se il vento frugava
con le sue dita rigide
giù fino alle fondamenta,
anche se la loro malinconia
era terribile.
Era già piuttosto tardi,
era una notte tempestosa,
la strada era piena di sassi e rami spezzati.
Ma poco a poco,
mentre ti lasciavi alle spalle le loro voci,
le stelle si sono messe a brillare
attraverso gli strati di nubi
e poi c’era una nuova voce
che pian piano hai riconosciuto come la tua,
che ti teneva compagnia
mentre t’inoltravi sempre più,
di buon passo, nel mondo,
determinata a fare
l’unica cosa che potevi fare;
determinata a salvare
l’unica vita che potevi salvare”.
                                                                                                                                    Mary Oliver, Il Viaggio



mercoledì 1 gennaio 2025

Colette, Rêverie de Nouvel An

 « Une année de plus… À quoi bon les compter ? Qui pourrait me rendre la solennité puérile des jours de l’An d’autrefois ? Ma solitude, cette neige de décembre, ce seuil d’une autre année ne me rendront pas le frisson d’autrefois, alors que dans la nuit longue je guettais le frémissement lointain, mêlé aux battements de mon cœur, du tambour municipal, donnant, au petit matin du 1er janvier, l’aubade au village endormi… Ce tambour dans la nuit glacée, vers six heures, je le redoutais, je l’appelais du fond de mon lit d’enfant, avec une angoisse nerveuse proche des pleurs, les mâchoires serrées, le ventre contracté… Ce tambour seul, et non les douze coups de minuit, sonnait pour moi l’ouverture éclatante de la nouvelle année, l’avènement mystérieux après quoi haletait le monde entier. Il passait, invisible dans le matin fermé, jetant aux murs son alerte et funèbre petite aubade, et derrière lui une vie recommençait, neuve et bondissante vers douze mois nouveaux... » 

                                                                                                           Colette, « Rêverie de Nouvel An »